le 6 juin 1921
Philippe Soupault y présente plusieurs inventions
Portrait d'un inconnu
un cadre vide et nu auquel j'avais attaché des ballons rouges
Portrait d'un imbécile
un miroir du XVIIIème siècle
devant lequel j'avais placé un bougeoir avec une bougie allumée
Cité du Retiro
un morceau de bitume, précurseur de l'art brut
dont le titre s'expliquait parce que j'avais ramassé ce morceau de bitume
dans ce passage qui débouche sur la rue Royale
J'avais acheté sur les quais une petite toile du Second Empire
représentant une fillette assise sous un arbre,
que je prétendais être le portrait de Mlle Clara Tambour,
une chanteuse d'opérette dont j'étais un admirateur
et dont le pseudonyme me plaisait bien
Enfin, j'étais en verve, mon Portrait,
c'est à dire l'empreinte de ma main préalablement enduite d'encre noire
il paraît que je demandais aux passants : " Savez-vous où habite Philippe Soupault ? "
Certains haussaient les épaules et continuaient leur chemin;
d'autres, obligeamment, cherchaient à me renseigner
d'autres, obligeamment, cherchaient à me renseigner
je demandais à acheter des oranges chez une concierge
et un saucisson chez un fleuriste
et un saucisson chez un fleuriste
j'entrai dans un café et je proposai à un de mes voisins d'échanger nos consommations :
un porto contre un quart vichy,
un picon grenadine contre une citronnade
un picon grenadine contre une citronnade
j'entrai dans la très belle boutique d'une marchande de couleurs pour acheter des oiseaux,
autant que possibles exotiques
CINÉMA- PALACE
à Blaise Cendrars
Le vent caresse les affiches
Rien
la caissière est en porcelaine
l'Écran
le chef d'orchestre automatique dirige le pianola
il y a des coups de revolver
applaudissements
l'auto volée disparaît dans les nuages
et l'amoureux transi s'est acheté un faux col
Mais bientôt les portes claquent
Aujourd'hui très élégant
Il a mis son chapeau claque
Et n'a pas oublié ses gants
Tous les vendredis changement de programme